
Un Chronographe Hanhart est une pièce de l’un des derniers fabricants de chronographes compteurs mécanique de sport et elle a connu bien des vicissitudes.

Chronographe Hanhart Primus Racer Acier – Lunette cannelée – cadran argent – Bracelet en cuir de veau
La meilleure qualité au meilleur prix. Une philosophie pragmatique qui a assuré le succès rapide du chronographe Hanhart.
L’histoire d’Hanhart a un air de saga pleine de rebondissements, mais où toujours perdurent qualité germanique et précision suisse.
Simple comptoir horloger dans les années 1900, la marque connaît un grand tournant dans les années 1920. En 1924, Wilhelm Julius Hanhart, le fils du fondateur, met au point et commercialise un chronographe de poche abordable, solide et précis. C’est alors l’émergence des sports populaires et, alors que les chronographes de poche sont des instruments fragiles et coûteux, Hanhart parvient à en simplifier la production et à en rationaliser la fabrication. Le succès est au rendez-vous. Pour répondre à la demande croissante du marché allemand, Hanhart installe une manufacture à Gütenbach, en 1934. A cette époque, la Forêt-Noire est un centre horloger capable de rivaliser avec la lointaine Saxe et les montres de luxe de Glashütte. Dès les années 1930, les ateliers horlogers et le bureau de développement de Hanhart démontrent leur savoir-faire en mettant au point un double chronographe au 1/100e de secondes battant à 36 000 alternances. La manufacture rivalise désormais avec les grands noms suisses du chronographe, tels Tag Heuer, Montres d'aviateur Breitling » href= »http://www.horloger-paris.com/fr/2771-breitling » target= »_blank »>Breitling, Excelsior Park, Minerva ou encore Universal. En 1938, Hanhart présente d’ailleurs un chronographe de poignet monopoussoir cal. 40, qui est immédiatement adopté par la Marine.
L’année suivante, en 1939, le mythique chronographe Hanhart d’aviation cal. 41 voit le jour. Il observe un cahier des charges très strict, identique à celui imposé par le ministère de l’Air pour les montres de pilotes fabriquées par Lange & Söhne, Tutima et IWC. Les caractéristiques qui ont fait son succès sont déjà là : un cadran très lisible, même de nuit ; des aiguilles fluorescentes de type Mercedes utilisées plus tard par Rolex pour ses montres de plongée ; une boîte de 40 mm (une grande taille comparée à la moyenne des chronographes qui dépassait rarement les 33 mm) ; une lunette à index cannelée pour une meilleure préhension, héritée des montres d’aviation de la Première Guerre mondiale ; et surtout, les deux poussoirs asymétriques dont l’un peint en rouge pour éviter toute chromé mat, supprimant toute réverbération gênante, et le cadran est fourni en blanc, en noir ou avec une échelle télémétrique rouge pour mesurer une distance par l’enregistrement de l’écart de perception entre un son et un éclair. Sa redoutable efficacité lui vaudra un succès tel que c’est naturellement ce modèle, avec sa fonction flyback, qui va servir de base au chronographe équipant les pilotes de l’armée française. Rebaptisé modèle 53 type XX, il est produit au début des années 1950 sous la marque Vixa. Ce sont les vieux stocks de mouvements et de cadrans saisis chez Hanhart qui sont tout d’abord utilisés. D’autres manufactures, y compris la très prestigieuse Breguet, en assureront ensuite la production.
Au lendemain de la guerre, en 1945, l’usine de Gütenbach est en ruine. Une partie de l’outillage lourd et les stocks les plus importants ont disparu. Il faudra plus de trois ans à Willy Hanhart pour la reconstruire et se procurer de nouvelles machines, tandis que les anciens collaborateurs ressortent de leurs cachettes des mouvements, des tours d’atelier et du petit outillage. La fabrication reprend en Suisse et, jusqu’à la fin des années 1950, Hanhart livrera à nouveau des chronographes de pilote et des chronographes de poche. Les premiers clients sont, bien entendu, les forces françaises ; les médecins et officiers apprécient particulièrement le modèle Admiral qu’Hanhart fournira, durant les années 1950, sous la référence Otan 6645-2-120-4858, aux services hydrographiques allemands et à la nouvelle armée de l’air allemande (Bundesluftwaffe).
Largement inspirés du modèle de 1939 et distribués sous la référence 417 ES, le chronographe Hanhart diffère cependant légèrement de leur illustre prédécesseur : leur taille est un peu réduite, les poussoirs sont symétriques et la boîte tout acier inoxydable. Des versions civiles à lunettes lisses référencées 410 & 411 verront également le jour, comme en témoignent les catalogues d’après-guerre. Le Modèle 400 monopoussoir de 1938 est d’ailleurs toujours disponible pour les 70 ans de la marque, en 1952. Le top des modèles de l’époque toutefois, c’est la « Sans Souci », une montre-réveil à seconde centrale, dans la veine des montres poignet à sonnerie comme les « Cricket » et « Mémovox« . Si la production tourne de nouveau à plein régime, la manufacture privilégie de plus en plus les chronographes compteurs mécaniques et peut bientôt revendiquer un véritable leadership en tant que fournisseur d’événements sportifs.
Des années 1960 à 1970, ses chronographes compteurs équipent pratiquement toutes les écoles et tous les clubs de sport en Allemagne. On voit même l’un de ces instruments au poignet de Steve McQueen durant le Championnat du monde de motocross de 1964. Hanhart sera également, lors de jeux olympiques, le fournisseur officiel de plusieurs équipes, avant que le choc du quartz ne signe la disparition progressive des chronographes mécaniques dans les compétitions.
Hanhart n’hésite pas alors à mettre en service ses propres chaînes de production de matière plastique injectée et à développer un mouvement à quartz qui sera produit à des millions d’exemplaires. Ainsi, la fabrication de chronographes compteurs de sport, tant électroniques que mécaniques y compris à rattrapantes au 1/10e et 1/100e de seconde, n’aura jamais cessé. Hanhart fournit même des mouvements à quartz à des marques internationales, comme Timex ou Kienzle. En 1981 est mis au point un nouveau mouvement à quartz, modulable et plus performant. Son prix modique dope les ventes et quelques 40 millions d’exemplaires de ce calibre 3305 seront écoulés en une décennie.
Mais finalement, Hanhart devra jeter l’éponge, incapable de faire face à l’émergence de l’affichage par LED et à la mise sur le marché de mouvements à quartz à moins d’un dollar. La marque tente alors de se diversifier pour survivre avant d’être recapitalisée par un groupe d’investisseurs munichois. Restructuration et licenciements marquent une période difficile. Malgré tout, les chronographes mécaniques continuent à être produits. Hanhart demeure une manufacture et son catalogue de chronographes comporte encore une bonne trentaine de pages et plus de 150 références. Avec la redécouverte des valeurs de l’artisanat horloger mécanique traditionnel au début des années 90, Hanhart se réapproprie son image de pionnier.
Étant donné les sommes qu’atteignent les chronographes cal. 41 en salle de vente, l’un des directeurs techniques de l’époque, Manfred Schwer, décide, en 1996, d’en rééditer une série limitée de 2500 exemplaires. Il n’est cependant pas question de reprendre la fabrication des calibres à roue à colonnes, trop coûteux pour équiper une si petite série. C’est donc l’éprouvé Valjoux 7760, la version à remontage manuel du 7750, qui est retenu. Quant à l’aspect extérieur, c’est une réplique fidèle, jusque dans leurs moindres détails, des pièces originales. La dissymétrie des poussoirs, par exemple, a nécessité la fabrication d’un mécanisme spécifique, dissimulé dans l’épaisseur de la boîte. La première série est un succès et l’édition à remontage manuel vite épuisée. Une collection plus complète est alors mise à l’étude et commercialisée en Allemagne, en 2002. La réplique de la version monopoussoir de 1938 à remontage manuel ou automatique est également commercialisée sous le nom de Primus. Pour ce modèle, la came de commande de chronographe a été très ingénieusement modifiée pour assurer cette nouvelle fonction de monopoussoir. Une Minos automatique à petite seconde cal. ETA 2895 et le modèle Admiral à trois compteurs (cadran blanc ou noir et date à 4h) viendront compléter une collection à la distribution relativement confidentielle. Toutes portent la lunette cannelée à index caractéristique du modèle. On est encore loin de la cinquantaine de références de montres-bracelets de 1938, mais le logo Hanhart, qui avait disparu, figure à nouveau sur des cadrans de montre…
L’année 2008 est marquée par une nouvelle restructuration : Hanhart devient à cette occasion Hanhart AG et retrouve son siège social historique de Diessenhofen, en Suisse. En 2010, son rachat par le groupe Gaydoul donne une impulsion nouvelle à la marque et son CEO Thomas Morf, certain du « grand potentiel à l’échelle internationale » de la marque, est bien décidé à lui offrir la place qu’elle mérite. La gamme de chronographes est donc étendue. Outre la collection Pionnier inspirée du chronographe historique de la maison et déclinée en trois tailles (45, 43 et 40 mm, cadran blanc ou noir, mono ou bipoussoir), les Primus Pilot, Divers et Racer au dessin plus contemporain voient le jour. En 2012, à l’occasion de ses 130 ans, Hanhart, qui opte pour le déploiement, est enfin distribué en France. Outre sa série de montres légendaires au design intemporel, la maison, déjà bien implantée dans le sport automobile avec ses compteurs de planchette de bord et ses chronographes de rallye de la série « Classictimer » depuis plus de quarante ans, propose tout naturellement un nouveau chronographe Racemaster.
Déclinée en Chronographe Hanart Racemaster GT, Racemaster GTM monopoussoir et Racemaster GTF flyback, cette pièce possède, en première mondiale, un boîtier de 45 mm en acier HDSPro étanche à 100 mètres et cent fois plus résistant aux éraflures que l’acier inoxydable habituellement utilisé en horlogerie. La très caractéristique dissymétrie des poussoirs est bien sûr conservée, de même que la remise à zéro laquée rouge. Côté cadran, le design adopté rappelle celui des compteurs d’automobiles classiques des années 60 à 70. Lisibilité et sobriété sont au rendez-vous grâce aux aiguilles rouges triangulaires luminescentes au centre. Une échelle tachymétrique est disposée contre la carrure à la périphérie, tandis que le chemin de fer des minutes portant des index des heures en acier poli est d’une couleur spécifique pour chaque modèle : blanche pour le Chronographe Hanhart Racemaster GT, bleu clair pour le GTM et orange pour le GTF. Autre raffinement stylistique, le mouvement du chronographe Hanhart a été modifié afin de conserver le dessin classique bicompax de ces chronographes. Les axes de compteurs ont été déportés pour pouvoir, malgré la grande taille du cadran, les placer sur le bord de la carrure. De même, le compteur à 9h des GT et GTF porte deux aiguilles coaxiales : celle des secondes en acier gris et celle du totalisateur horaire peinte en rouge, ce qui permet de bénéficier des fonctions d’un chronographe tricompax avec l’esthétique épurée et la lisibilité d’un cadran classique à deux compteurs. Enfin, son bracelet aéré respecte l’esthétique sport automobile vintage du chronographe Hanhart Racemaster. Avec cette collection, Hanhart démontre, une fois de plus, la vivacité de son esprit d’entreprise et s’inscrit résolument dans l’avenir sans renier pour autant ses racines.