
Jaeger-Lecoultre Master : histoire d’une figure iconique de la haute horlogerie mécanique!
En 1950, Jaeger-LeCoultre lance la Memovox. Ce modèle masculin et habillé de 34 mm est équipé d’un réveil. Cette fonction est une innovation récente dans les montres de poignet et Jaeger entend s’inscrire sur ce créneau porteur. Cette complication était alors très pratique. La marque avait cherché à en multiplier les usages. En plus du réveil matin, elle a mis en avant son rôle de pense-bête. Les slogans « rappelle, avertit, réveille », ou « la mémoire de votre mémoire » fleurissaient dans les publicités de l’époque. Elle fut aussi destinée aux hommes d’affaires, modernes ou sportifs. Au total, des centaines de milliers de pièces ont été vendues en l’espace de cinquante ans. Ce succès est largement dû à sa simplicité d’usage et son design épuré, deux attributs permis par le réglage par disque central de l’heure de réveil. Parallèlement, les mouvements n’ont cessé d’évoluer : remontage automatique en 1956 (cal. 815), calendrier en 1959 (cal. 825), augmentation de la fréquence en 1970 (cal. 916). Une des séries les plus amusantes est celle dite « parking », graduée sur deux heures et marquée d’un P blanc sur fond bleu pour contrer les commandos de contractuelles. Jaeger a même fait quelques versions de poche. Mais c’est quand la Memovox s’est faite baroudeuse qu’elle a atteint le statut de grand classique dont elle dispose aujourd’hui.
SONNERIE AQUATIQUE
En 1959, à la demande de la filiale américaine, la manufacture crée la Jaeger-LeCoultre Deep Sea. Activité à l’époque quasi exclusivement professionnelle, la plongée nécessitait des montres alors peu nombreuses. Contrairement à ses consœurs, la Deep Sea avait l’avantage de sonner sous l’eau, offrant un rappel immanquable.
De taille déjà importante (38 mm), elle fut remplacée en 1965 par la Polaris, qui fit prendre le ciment qui a scellé la célébrité des Memovox sportives. Son nom étrange provient des missiles Polaris, les vecteurs nucléaires balistiques les plus avancés de l’époque. Mais les années 60 regardaient aussi les pôles comme les dernières terres d’aventure. Avec ses 42 mm, c’est une montre immense pour l’époque. Ces dimensions proviennent du rehaut intérieur rotatif qui remplaçait la lunette de la Deep Sea. II a nécessité l’ajout d’une troisième couronne à 3 heures. Elle fut aussi la première à accueillir un triple fond, dont l’un en bronze. Car une montre étanche est par définition plus difficile à faire bien sonner. Ce dispositif amplifie les vibrations de la sonnerie quand le boîtier est posé sur une combinaison néoprène, excellent isolant acoustique…
Dans les années 80, le réveil mécanique est éclipsé par les montres digitales multifonction, très à la pointe et à la mode. Quand Jaeger décide de relancer son système Memovox, c’est dans une montre de grande complication. La Jaeger-LeCoultre Master Grand Réveil calibre 919 de 1989 incluait un calendrier perpétuel et un réveil à toc (vibrant dans le boîtier sans sonner) ou sur timbre, fait d’un bronze vieux de 3500 ans. L’ombre des grandes cloches d’église n’était pas loin. En 1994, une nouvelle version classique est lancée sous l’appellation Master Réveil. Puis, quand Jaeger relance une ligne de montres de plongée, les Master Compressor, le premier modèle est équipé d’un calibre à réveil.
C’est un héritier direct des Deep Sea et Polaris. Les modèles se succèdent alors, tous sportifs et étanches. En parallèle, les fonctions réveil sont utilisées en conjonction avec d’autres complications comme dans la Master Grand Réveil platine. Les calibres qui ont équipé les Memovox ont en effet toujours été puissants. Le recours à deux barillets distincts, l’un pour la sonnerie, l’autre pour le mouvement, en a fait des modèles réputés pour leur solidité et leur précision. Ils sont donc naturellement capables de motoriser des calendriers perpétuels, chronographes, ou des heures universelles, comme la Jaeger-LeCoultre Master Compressor W-Alarm. En 2008, Jaeger renoue avec ces modèles historiques. La Tribute to Polaris reprend deux versions, l’une de 1965, l’autre de 1968, en séries limitées. Puis, 2010 voit le retour sur le devant de la scène de Memovox proches de leur vocation initiale. La Master Memovox est déclinée dans un boîtier acier ou or rose de 42 mm, équipée du calibre 956. Index simples, aiguilles lance, cadran argenté de grande sobriété, elle est l’interprétation contemporaine d’un archétype masculin : une montre élégante, fiable et utile à la fois. En somme, un véritable bijou que l’homme peut porter au poignet! En référence à un modèle à heures universelles de 1960, la Jaeger-LeCoultre Master Memovox International offre en plus du réveil un disque central marqué des 24 villes référence des fuseaux horaires du globe. Les 250 exemplaires en or rose sont encore trouvables, mais les 750 en acier ont été très tôt réservés et se font déjà rares en boutique. Peut-titre fallait-il se réveiller plus tôt pour en trouver une…
Memovox : mode d’emploi
La couronne à 4 heures remonte le mécanisme et une fois tirée, règle l’heure. La couronne à 2 heures remonte le barillet de réveil séparé. Tirée, elle ajuste le quantième et fait tourner le disque central, marqué d’une flèche, qui décide de l’heure du réveil. Quand l’aiguille des heures se superpose à cette flèche, le calibre actionne le marteau de sonnerie. II frappe à grande vitesse, sur un long timbre en acier (ou en bronze sur certains calibres compliqués), replié sous le mouvement, dans le fond de la boîte. Longtemps, le marteau a frappé directement sur le boîtier. L’introduction d’un timbre suspendu a permis d’augmenter l’intensité de la sonnerie. Les Memovox sonnent jusqu’à épuisement de la réserve de sonnerie, environ une minute, ou dès que la couronne à 2 heures est tirée. Ce son n’a pas été travaillé pour être le plus intense possible mais pour rester relativement doux, proche de l’original. Ceux qui recherchent un clairon iront chercher dans une autre caserne.
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