
Junghans : la marque et ses collections
On connaît son nom, on sait qu’elle fait partie de ces marques de référence, mais on lui associe difficilement une image produits. Pour certains, la maison d’origine allemande Junghans est célèbre pour ses pendules radiopilotées et ses campagnes de communication très fifties, mais rares sont ceux qui ont une idée juste de ses collections. Mise en lumière d’une entreprise à l’offre attirante.
Rapide tour de table avec des amateurs éclairés : la marque Junghans jouit d’une notoriété indiscutable. Pour la majorité, seul le nom est resté en mémoire. Pour les plus savants, ce nom évoque les pendules radiopilotées que beaucoup rêvaient d’avoir chez soi mais que, la plupart du temps, seuls les horlogers rhabilleurs avaient au coin de l’établi pour étalonner les pièces qu’ils venaient de restaurer. Après ce petit tour d’horizon, la moisson d’informations est maigre. Il importait donc de raconter l’histoire de cette maison.

Junghans Max Bill Automatic avec bracelet en maille milanaise
On pourrait commencer par « il était une fois », mais l’histoire perdrait du coup son caractère solennel. Pour faire simple, la société a été fondée en 1861, à Schramberg, dans le Bade-Wurtenberg, une région pas très éloignée de la frontière française, au niveau de Colmar, au cœur de la Forêt Noire. Les débuts de cette entreprise vont d’ailleurs être intimement liés à la production horlogère qui porte le nom de cette région : les pendules de la Forêt Noire. Ces instruments horlogers souvent rudimentaires, versions populaires et partiellement en bois de morbier et autres pendules de parquet, devaient attirer l’attention d’Erhard Junghans et de son beau-frère, Jakob Zeller-Tobler, en 1861. En ces temps où les gazettes d’Allemagne narraient le bond industriel de l’Amérique du Nord, empêtrée dans une guerre de Sécession qui allait durer jusqu’en 1865, leur but était de lancer la production industrielle de composants pour des garde-temps premiers prix, autrement dit des pendules en bois et laiton. Disposant d’un équipement moderne acquis aux Etats-Unis, les deux entrepreneurs s’engagent alors dans la fabrication de composants finement réalisés.
Le succès ne se fait pas attendre et, dès 1866, la fabrique produit des pendules terminées. La voie est toute tracée. Ne reste plus qu’à descendre dans l’échelle des tailles. En 1890, la société dépose son logo, une étoile à 8 branches. Puissante et sachant parfaitement tirer profit de l’industrialisation et de la mécanisation, la firme parvient, à l’aube du XXe siècle, à produire annuellement plus de 3 millions de pendules avec plus de 3000 ouvriers. En ces temps-là, Junghans était la plus importante fabrique de pendules du monde. Forte de ce potentiel mais consciente d’une mutation dans la société civile et dans les modes de porter horlogers, la manufacture de Schramberg se lance, en 1930, dans la production de montres mécaniques de poignet. Le premier modèle, un produit de référence, s’impose sous l’intitulé « Meister » (maître) et répond aux attentes en ces temps de crise (29-35). Mais le développement civil de la marque est stoppé par la nécessité de participer à l’effort de guerre et ne reprendra qu’en 1949 très précisément.
A cette date, Junghans présente le calibre J88 avec commutation de chronographe et compteur 30 minutes. Le garde-temps tombe à pic dans cette période que l’on considèrera comme étant celle de l’avènement du chronographe de poignet. Portée par ce succès, l’entreprise présente, en 1951, sa première montre à remontage automatique et, en 1952, son premier chronographe. Dans cette compétition, Junghans reste fidèle à ses principes : produire en quantité des garde-temps de précision. Et pour faire savoir que ses montres-bracelets sont de qualité, elle les commercialise avec un certificat d’authenticité officiel obtenu auprès du service de contrôle des montres de l’office de l’industrie du Bade-Wurtenberg. En 1954, la maison peut s’enorgueillir de disposer d’une collection de chronomètres et de pièces dont le design pur est signé Max Bill, un architecte élève de Walter Gropius, adepte du minimalisme associé à l’esprit du Bauhaus. En 1961, la société Uhrenfabriken Gebrüder Junghans AG fête son centième anniversaire. L’occasion de faire un point sur sa production journalière. Avec ses 6000 employés, elle produit journellement 5000 montres de poignet, plus de 10 000 pendules réveils et plus de 5000 pendules de cuisine ou de salon. Le tout diffusé dans plus de cent pays.
Qui dit précision dit recherche et développement. Dans les années 50, le bureau d’ingénierie de la manufacture tourne à plein régime pour concurrencer les marques allemandes, mais aussi suisses, françaises et japonaises dans le domaine de la précision des montres. En 1967, elle sort la première pendule pilotée par un quartz d’Allemagne : « l’Astro Chron », qui est à l’heure de son temps. Sentant la nécessité d’opérer un virage technologique, la marque sort la montre « Astro Quartz » en 1970, première montre à quartz d’Allemagne. Consciente du potentiel, elle produit, durant toute la décennie et après avoir chronométré les Jeux Olympiques de Munich, des garde-temps à quartz et concurrence les produits en provenance du Japon. En 1985, la société lance les premières montres radiopilotées.
La notoriété de la marque chez les quadras actuels trouve son origine dans ses instruments atypiques et futuristes qui ont marqué les esprits. En 1990, Junghans continue dans cette voie et présente la première montre radiopilotée mue par de l’électricité obtenue à partir du soleil et de capteurs photovoltaïques. Dans ce cas, le récepteur d’ondes est miniaturisé et intégré au boîtier. L’image de Junghans est désormais associée à la précision. Évolution oblige, la société crée, depuis 2011 et son 150e anniversaire, en parallèle de ses produits associant mécanismes radiopilotés et éléments d’habillage en céramique, toute une gamme de garde-temps d’inspiration classique faisant la part belle à la mécanique. Parce qu’elle est encore largement méconnue, voici un aperçu de deux de ses collections disponibles chez les détaillants de la marque. Il reste d’autres pièces tout à fait attractives, dont les séries haut de gamme et les modèles purement vintage, et un grand nombre de pièces plus typées électroniques qui feront l’objet d’un autre volet. Voici pour le moment les pièces les plus représentatives des lignes Junghans Meister et Bogner by Junghans.

Junghans Meister – Détail du cadran
Les modèles Meister Chronometer, Meister Automatic, le fameux Meister Chronoscope, ainsi que l’étonnant et graphique Meister Handaufzug, font partie de ces références qu’il faut avoir vues pour se convaincre que la sobriété est un art et que Junghans est passé maître en la matière. Ces montres en acier ou en acier traité PVD (37,7 mm de diamètre pour l’automatique et la manuelle, 38,4 mm pour la version chronomètre et 40,7 mm pour la version Chronoscope) s’adressent à des adeptes de montres vintage. Elles entretiennent l’image du passé au point de se parer, pour l’une d’un calibre mécanique à remontage manuel et, pour toutes, de verre acrylique en Plexiglas traité au Sicralan (traitement antirayures). Fines et délicates au poignet, ces références, dont la version Chronomètre, séduiront par leur minimalisme. Portés sur bracelet en cuir de cheval ou sur alligator, ces garde-temps en imposent avec une tenue chic. Proposé en acier, mais également en traitement PVD or jaune ou or rose, le modèle manuel emporte un calibre maison J815.1 manuel donnant l’heure, les minutes par le centre et la seconde dans un compteur à 6h. Étanche à 3 atmosphères, cette petite merveille ne saurait tolérer autre tenue que celle de la ville.
Parmi les séries de montres mécaniques chez Junghans, la ligne Bogner by Junghans décline des références plus typées, qui collent davantage à un mode de vie orienté « sport« . Créée en 2012 par Junghans, cette série a été mise au point avec la collaboration du célèbre skieur, réalisateur et designer Willi Bogner. Fruit de ce partenariat, elle se révèle graphiquement puissante et parfaitement motorisée. Pour le chronographe Willy Chronoscope, la manufacture a retenu le mouvement J880.1 (ETA Valjoux 7750) et dessiné un boîtier en acier, éventuellement traité PVD, de 44,5 mm. Des lignes fortes qui plaisent à une clientèle jeune, active et dynamique ; du coup, il a été construit de façon à pouvoir être étanche jusqu’à 100 mètres. Ce outil efficace et visuellement impactant se porte idéalement en ville sur un bracelet en alligator, et à la campagne ou lors d’activités sportives sur un bracelet en métal. Contrairement au modèle Meister, la pièce est équipée d’un glace saphir, robuste et résistante. Décliné en cadran noir avec index argentés, cadran blanc argent avec index en acier ou bleuis, l’instrument est dédié aux amateurs de belle mécanique et de sport. La collection comprend également des montres mécaniques simples que l’on pourrait caractériser de sport chic. Ainsi, le modèle décliné en acier ou en acier PVD doré en 38 mm de diamètre, qui abrite un calibre mécanique à remontage automatique 3 aiguilles avec dateur à 3h, sera une évidence dans la jungle urbaine…
Surtout s’il est choisi avec un bracelet en métal. Le métal qui s’impose également pour le produit le plus sport de la gamme : la version Willy Blue Automatic. Avec son boîtier de 41,8 mm de diamètre, sa lunette tournante de plongée et son étanchéité garantie jusqu’à 100 mètres, il devrait, par son dessin original et sa robustesse naturelle, retenir l’attention des sportifs en quête d’un instrument qui les distingue.
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