
La montre de plongée va toujours plus loin dans la conquête des abysses dans la technicité et la résistance.
Esthétique musclée ou recherche d’authenticité, la démarche de la montre de plongée est toujours exigeante pour les manufactures.
Le public pour lequel l’étanchéité est une nécessité vitale n’est pas grand. Certes, la plongée en tant qu’art de vivre n’a jamais été aussi populaire. Mais l’immense majorité des plongeurs ne dépassent pas les 30 mètres. A cette profondeur, malgré tout, les risques existent et c’est en fonction d’eux que la montre de plongée est pensée. Depuis quelques années, elles ont grimpé en technicité, sécurité et résistance. C’est d’autant plus vrai des nouveautés, très axées sur la performance pure, qui prend trois formes. La première est la résistance à la pression. Une montre étanche digne de ce nom l’est à 300 mètres, soit 30 bars ou 30 ATM. A moins que cela, on peut nager, prendre une douche, mais pas plonger en sécurité. Or l’époque est à la surenchère. Qui veut se procurer un instrument capable de descendre à 600, 1 000, 2 000 ou même 4 000 mètres a désormais le choix. Les constructions de boîtes ont considérablement progressé.

Rolex Oyster Perpetual Sea-Dweller Deepsea : la montre de plongée ultime
L’utilisation de piliers chez Anonimo, d’un anneau d’acier à l’azote Ring Lock dans la Rolex Deepsea, soutiennent fond et lunette et permettent d’encaisser des pressions extrêmes. Malgré cela, le maximum a été atteint il y a belle lurette. La Bell and Ross Hydromax est depuis plus de dix ans la montre de plongée la plus résistante à la pression. Son secret ? Son mouvement à quartz baigne dans un gel spécial. Or les liquides sont insensibles à la pression.

Montre de plongée Bell and Ross Hydromax
Liquide contre liquide
La montre de plongée peut ainsi descendre à 11 100 mètres. Plus bas que Challenger Deep, dans la fosse des Mariannes, point le plus profond du globe et mesuré à – 10 916 mètres. Cette recette, contrer la pression du liquide par un autre liquide, est aussi celle qui est adoptée dans la Sinn UX, qui se contente d’un modeste… 5 000 mètres. Mais juste avec un puissant boîtier en titane, la nouvelle montre de plongée Hublot King Bang Diver revendique la bagatelle de 4 000 mètres. A côté de ces bêtes de plongée extrêmes, quelques modèles jouent une carte plus raisonnable en apparence. Car la performance est également une question de technicité.
L’eau est l’ennemie de l’horlogerie et la pression peut tout simplement faire imploser les boîtiers. Le fait que quelques modèles soient actionnables sous l’eau devrait en intéresser plus d’un. La première est la Breitling Avenger Seawolf, actualisée avec un boîtier noir carbone aux marquages orange ou jaune vifs. Plus besoin de lunette unidirectionnelle, ce chronographe à quartz peut être actionné sous l’eau jusqu’à 1 000 mètres grâce à un système de contacteurs magnétiques.

Breitling Avenger Seawolf : détail de la couronne et du cadran. Ce chronographe à quartz peut être actionné sous l’eau jusqu’à 1 000 mètres grâce à un système de contacteurs magnétiques.
La Perrelet Seacraft Chronographe peut faire de même, mais en version tout mécanique et jusqu’à 800 mètres.
La Jaeger-LeCoultre Memovox Tribute to DeepSea joue la carte sonore et vintage. Elle reprend fidèlement l’esthétique du modèle original de 1959 et dispose d’un réveil qui sonne l’heure de remonter vers la surface. Quelques innovations veulent éradiquer le risque que la lunette graduée sur 60 minutes soit actionnée par mégarde. Elle ne tourne que dans un sens, celui du raccourcissement de la durée d’immersion pour éviter de tomber en panne d’oxygène. Par souci de sûreté, les lunettes protégées n’ont jamais été aussi nombreuses. Elles consistent à interposer une sécurité de manipulation. La RM032 dispose de deux poussoirs, l’un à midi, l’autre à six heures. II faut les enfoncer tous deux ensemble pour modifier le temps de plongée. L’Oris Col Moschin a recours à une bague en plastique qu’il faut soulever. Quant à la Porsche Design Diver P’6780, elle est montée sur un système de berceau et pivote. II faut libérer toute la montre pour obtenir l’accès à la couronne, qui actionne le rehaut intérieur gradué de 0 à 60. Mais toutes ces précautions ne serviraient à rien si les montres n’étaient pas lisibles.

Jaeger-LeCoultre Memovox Tribute to DeepSea
Miser sur le contraste
Les cadrans étant dans leur immense majorité noirs, il suffit d’un jeu d’aiguilles blanches de grande largeur pour faire contraste. Et pour un peu plus de sécurité, rien de tel qu’une aiguille des minutes orange, vert fluo ou rouge. Le point sur lequel les horlogers travaillent est celui où les progrès les plus importants restent à accomplir : la luminosité de nuit. Le Superluminova est le nom commercial de l’aluminate de strontium. Intense, la brillance de cette substance faiblit au bout dune heure environ. A cela, trois remèdes. Le premier consiste à illuminer le cadran entier, comme sur la Blancpain 500 Fathoms.

Blancpain 500 Fathoms : détail du cadran
Le second à multiplier les couleurs de Luminova. Généralement vert, on le trouve également en bleu. Le contraste des deux améliore la lisibilité dans les moments de faiblissement. Le troisième, le plus logique, consiste en de nouvelles matières. Rolex a recours au Chromalight, Corum utilise le Bi-light, des nouveautés dont on aura à reparler. Mais toute cette modernité cohabite avec son opposé.
Car les montres de plongée sont des pionnières du vintage. En effet, nombre de modèles de légende sont des anciennes. La Jaeger-LeCoultre Memovox Tribute to DeepSea, la Longines Diver, la Blancpain Fifty Fathoms datent et s’inspirent des années 60. Bien sûr, leurs caractéristiques techniques ont été mises au diapason des possibilités actuelles. Mais leur esthétique retro n’a jamais autant plu. Cet attrait est le fondement du succès de Panerai. La marque plonge régulièrement dans ses archives pour en extraire des modèles qu’elle a produits en quantités homéopathiques jusque dans les années 80. Pour 2011, ce fut une Panerai Radiomir (dessinée en 1936) en version 3 Jours, au cadran brun et aux index épurés, abritée dans une boîte platine trop précieuse pour faire du sport. Pinacle de la sportivité, les montres de plongée sont tout indiquées pour un usage de loisirs généralistes sans contraintes. Sous l’eau, en ville ou à la plage, elles se servent de leur technicité pour flatter l’aventurier qui est en nous.

Panerai Radiomir en Platine : détail de la couronne et du cadran