
Omega Seamaster Aqua Terra
La boussole et la montre font mauvais ménage ! On sait les effets désastreux du magnétisme sur les garde-temps. D’où l’attention jamais relâchée des horlogers pour les en préserver. Omega semble avoir trouver la parade avec son nouveau calibre. Un calibre qui résiste aux champs magnétiques les plus intenses…
17 janvier 2013, Cité du temps à Genève, Omega dévoilait son tout nouveau calibre développé pour une pièce à sortir en octobre : la Omega Seamaster Aqua Terra. Un mouvement coaxial appelé à nous surprendre et qui devrait révolutionner l’univers horloger… Ce qui explique le parterre de pointures pour le présenter, à savoir Jean-Claude Monachon, vice-président et chef du développement produits ; Michel Willemin, CEO d’Asulab ; Thierry Conus, directeur de la recherche et du développement de ETA ; Matthieu Oulevey, ingénieur en tribologie et ingénieur chez ETA.
Déjà à la fin du XVIIIe siècle, les horlogers savaient combien leurs délicats chronomètres pouvaient être affectés par la proximité des compas de bord, entendez par là les boussoles embarquées destinées à donner le cap et dont les navires se dotaient en quantité. Les horlogers ont donc cherché des parades en plaçant, par exemple, les instruments dans des boîtiers et écrins gigognes pour les préserver du rayonnement. Une idée judicieuse mais insuffisante contre un puissant magnétisme qui traverse, sans difficulté, le bois. Le mieux était donc de les tenir éloignés de ces engins. En ces temps-là, les effets néfastes du rayonnement magnétique concernaient principalement les garde-temps à caractère nautique. Ce n’est qu’à la fin du XIXe siècle que l’on prend conscience de la nécessité de préserver les garde-temps de ces champs invisibles. Certains horlogers vont concevoir des montres de poche dédiées aux scientifiques, capables de résister à de forts champs magnétiques.
Mais c’est durant l’entre-deux guerres que les marques horlogères ont le plus œuvré pour mettre au point des instruments susceptibles de fonctionner parfaitement, même en présence de puissants champs magnétiques. On s’en doute, leur « clientèle » était les militaires. Les montres de qualité et celles dédiées aux pilotes ont été dotées de cages en fer doux, permettant de dévier les rayonnements émis par les aimants. Dans les années 50-60, leurs recherches furent davantage axées sur des produits préservant des champs magnétiques : Omega allait signer la Railmaster, IWC sortir l’Ingenieur, une montre capable de supporter des champs jusqu’à 1000 gauss, tandis que Rolex lançait le modèle Milgauss.

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Enceintes HiFi, voitures électriques urbaines, portiques magnétiques d’aéroports… Les objets qui renferment des éléments dégageant un champ magnétique excédant la norme horlogère NIHS de 75 gauss sont en augmentation. Une nouvelle donne que les horlogers d’Omega comptent bien affronter avec ce calibre innovant. En effet, ce mouvement Omega coaxial, référence 8508, officiellement présenté à Baselworld 2013 et introduit en octobre 2013 dans la collection Seamaster Aqua Terra, renonce à la traditionnelle cage en fer doux. Sa structure est modifiée en profondeur pour supporter, sans s’arrêter, des expositions magnétiques supérieures à 1,5 tesla, soit 15 000 gauss ‒ grosso modo, la puissance d’un IRM.
Pour parvenir à ce résultat sidérant, les ingénieurs ont repensé tous les composants susceptibles d’être soumis au champ et de conserver une partie, même infime, de ce rayonnement. Car en horlogerie, le magnétisme est surtout dangereux pour son effet rémanent, autrement dit sa capacité à rendre magnétique un élément qui ne l’était pas auparavant. Résultat : une montre soumise à un fort champ magnétique, comme un portail de contrôle des aéroports, risque de s’arrêter et ensuite de retarder ou d’avancer de façon importante. Environ 15 à 20 % des montres mécaniques reviennent régulièrement en service après-vente suite à une magnétisation accidentelle. Sans doute la raison pour laquelle le calibre coaxial d’Omega est doté d’une nouvelle roue d’échappement à trois étages. La direction a précisé que les études sur l’industrialisation de ce mouvement n’étaient pas terminées et que des choix industriels étaient encore en cours (notamment sur le choix des matériaux). Toujours est-il que ce mouvement protégé par neuf brevets, dont plusieurs concernent les axes du train de rouage (tribologie et matériaux paramagnétiques), devrait équiper, à partir de 2014, toutes les collections Omega utilisant le mouvement coaxial. Une belle avancée technique que l’on attend avec impatience.